vendredi, novembre 11, 2011

Sinner Sinners - La Boule Noire (Paris) - 9 novembre 2011

Y’a des gens qui ont vu Jimi Hendrix à l’Olympia en 1ere partie de Johnny Halliday, y’a des gens qui ont vu Nirvana au Farenheit (d’après mes stats perso la salle devait pouvoir contenir environ 11 000 personnes et ça augmente chaque année), dorénavant je ne suis pas peu fier de compter parmi les gens (et croyez moi on n’était pas 11 000) qui auront vu Sinner Sinners à la Boule Noire !

Non on était juste une grosse poignée pas tombés là par hasard a planter lourdement nos talons dans le mélange de sang, de sexe, de graisse, de gomina et de rock n’roll, une poignée de courageux à faire front devant le gang des hommes en noir aux armes blanches pour 2 d’entre eux. Des hommes ? Des bêtes oui plutôt, avec une féline en chef fièrement campée derrière son orgue apportant sa touche de grâce (non non, j’ai pas oublié le « i ») à l’horreur sonore bien huilée de nos créatures de l’enfer….euh de l’Allier plutôt, ce qui, pour le parigot moyen, revient à peu près au même. Set hyper carré, vite expédié dans une bonne humeur communicative, entre descente de Steve dans le public et emellages de jacks de Mike Pougheon qui, à première vue, tricote mieux le solo qu’il n’enroule du câble fut il méchamment electrifié.

Judicieusement disposé dans un cercueil, le merchandising laissait déjà augurer de ce qui nous attendait… tant qu’à se voir coller une étiquette, celle d’horror punk en vaut bien une autre si tant est que l’on ne soit pas un ayatolah du no future et que l’on veille bien considérer qu’une sérieuse injection de métal à la mixture survoltée ne puisse pas nuire à la puissance de feu du quintette. Ce qui, vous vous en doutez bien, est mon cas.

La setlist ? vous vous foutez de ma gueule ? vous croyez que je n’avais que çà a faire de la noter besogneusement ? Sérieusement ! Qui se préoccupe de savoir le nom des titres qui ont défilé à la vitesse de l’éclair tant tout était cohérent, parfaitement exécuté sans prétention aucune mais avec les couilles au plancher, tant le set entier fut un long frisson électrique. Non, franchement non, la setlist je vous la donnerais si d’aventure un jour on m’oblige a assister à un concert des… Naast ? ;) Au moins ça m’occupera entre 2 bières, mais aujourd’hui vraiment je n’en avais ni le temps ni l’envie. Une chose est sure, aux reprises près, vous les retrouverez tous sur le démonique album dont on fétait ce soir là la ressortie.

On garde les premières parties pour la fin, on savait déjà qu’on pouvait faire des trucs pas trop mal avec une batterie et une guitare (les Whites Stripes au hasard), des trucs terribles avec une basse lead (Lemmy qui ?), des trucs définitifs sans basse (The Doors) mais avec juste une basse et une batterie … à moins de s’appeler Sly & Robbie, mais là on s’éloigne du style musical qui nous occupe aujourd’hui, on ne voyait pas trop. Jusqu’au Horror Hardcore (dixit, en forme de clin d’œil, le bassiste en chef) de Picture Me Dead Blondie, mais d’eux et des FixIt qui les suivirent, nous reparlerons un autre jour…

On était pas nombreux ce soir de Novembre à avoir mis volontairement les 2 pieds dans la tombe, gageons que dans quelques années on aura été 666 666 à les y avoir vus !

Sinner Sinners - LA's Burning (45T) (2010) - France is burning...


Sinner Sinners - LA's Burning (45T) (2010)

2010, hey oui, nous sommes déjà en 2010, des années déjà que nous baignons en plein internet, en plein mp3, myspace, facebook et autres twitters sans cesse plus nombreux, sans cesse plus prometteurs, sans cesse plus plein de vide sidéral. Mais on nous le dit et on nous le répète, c’est l’avenir, l’avenir de l’humanité et, plus prosaïquement, l’avenir de la musique et la seule chance de survie de la déclinante industrie musicale. Ainsi donc, c’est là que se joue, pour tout groupe désireux de se faire connaître un tant soit peu, la partie. Dont acte. Mais pourtant… pourtant, oui….


Boire ou conduire, il faut choisir, et cette nuit là, j’avais clairement choisi la première proposition, du coup c’est à pied que je me rentrais tranquillement vers chez moi, quand, au hasard d’un nouveau tangage, bien involontaire, mon œil fut attiré par un curieux rectangle de carton dans une improbable vitrine parisienne. Jaune pisseux, rouge et noir, voilà des couleurs évocatrices me suis-je sans doute dit et, me concentrant dans un effort surhumain, je parvenais à détailler un peu plus l’objet. Des flammes, un cercueil, des croix et des crânes illustrant une typo gothiqu-anque, une ambiance crypto-mexicano-rock n’rollien, pas de doute, ce bout de carton avait tout pour plaire : promesse de sauvagerie, de sueur, de cuir, de sang, de sexe, de graisse, d’électricité, d’hystérie, de rébellion et … de mort. Se pouvait-il qu’en ces temps numérisés, pareil vaudou puisse encore trouver sa place dans une vitrine parisienne ? Sans en avoir entendu encore aucune note, je connaissais déjà ce disque par cœur, j’en étais accro, il me le fallait. Il me fallait ce shoot de concentré de Misfits, d’Iggy, de Lux et d’Ivy, de rock n’roll primaire, de rock n’roll primal. Puissance évocatrice de l’image, qui en quelques coups de crayon pouvait tout dire et susciter adhésion et curiosité immédiate. Par quel miracle ? Par quelle magie ? Par quelle science occulte fallait il passer pour provoquer pareille réaction ?

On ne le dira jamais assez graphisme et rock’n’roll sont deux univers inséparables, depuis les affiches du Fillmore de Bill Graham, jusqu’à l’innombrable production sérigraphiée que documente si bien The Art of Rock. Que serait un Motorhead ou un Maiden sans sa mascotte indéboulonnable, Cheap Thrill de Joplin sans sa pochette crumbienne, AC/DC sans son logo indémodable, un album de reggae autrement qu’en trichromie vert-jaune-rouge, on en passe et des milliers d’autres. Fanzines, flyers, affiches et pochettes font parti du grand tout qui, d’Elvis à Rick Griffins, de Lester Bangs aux Lords of Altamont, du bonze en flamme de RATM à la prose anachronique de Céline, des Clash à la banane de Warhol ou la langue des Stones, de la typo de Nevermind the Bollocks à celle d’Harvest de N.Young.On ne dira jamais assez à quel point ce lien étroit a été mis à mal par l’invention du CD, reléguant l’accompagnement graphique de l’œuvre au plus bas niveau. L’apogée de cette négation est, bien sûr intervenue avec l’apparition de la musique numérique où, toute tentative de faire co-exister les 2 formes d’art se révélait complétement inutile. Nous sommes en 2010 donc, et il est largement temps de revenir à nos moutons, d’autant plus que cette disgrétion laissa le temps au petit 45T que j’avais commandé, d’arriver jusqu’à chez moi.


Horror-Punk, ainsi se défini le duo franco-batave sur son myspace, où on peut se procurer le précieux objet dont il est ici question, hey oui, inutile de le rappeler, nous sommes au XXIième siècle et pour faire des bonds dans les temps vers les racines du rock, il faut passer par les réseaux. Car, si le son est très contemporain, avec des guitares assez lourdes et épaisses, lorgnant plutôt vers le métal que vers le punk, l’énergie qui se dégage de Las Burning a tout du punk des débuts, du hardcore californien voire, finalement, du rock n’roll des pionniers remis au goût du jour. Urgence, high énergie garage (avec orgue en renfort sur mur de guitare épais s’il en est), hurlements morbides et chœurs virils, en à peine 3 minutes, la messe (d’enterrement) est dite et si LA est en flamme, aucun doute que l’incendie ne vous crame aussi, si bref soit-il. Petite cerise sur le gâteau, la face B, jusqu’ici disponible que très difficilement, calme un peu le jeu, en nous rappelant le High on You d’un certain iguane en solo, tout en fièvre nonchalante.

A peine 5 minutes, il n’en faut pas plus à Sam & Steve Thill et leur bande desperados rythmiquement increvables pour vous propulser d’un efficace coup de botte dans le cul vers les horizons d’une musique vierge de toute concession, effet de mode ou tentative désespérée de plaire au plus grand nombre et de vendre par kilos. Même si c’est tout le mal qu’on leur souhaite, peu de chance que, comme le disent les Guignols, çà twitt, buzz & co pour eux, mais nul doute que le savoir faire qu’ils mettent à produire une musique de qualité, à travailler le contenant autant que le contenu, à tourner sans cesse pour se faire connaitre et finir par partager l’affiche avec les mythiques Sonics, nul doute que cela, plus qu’aucune cyber mode, les garantira d’un public fidèle et reconnaissant, aussi dévoué qu’eux à la cause d’une certaine idée de la musique.


Quant aux talentueux loustics dont l’œuvre avait initialement attiré mon œil dans la vitrine, là encore il s’agit de passionnés dont vous pourrez vous rendre compte de l’éclectique talent en allant surfer par là.

Au passage allez jeter un coup d’œil aux grattes, aucun doute qu’elles reviennent directement de l’enfer, ou d’un concert de Sinner Sinners, ce qui, vous l’avez compris, reviens au même !

Sinner Sinners - Cardinal Sins (2010)- Brulot infernal

Sinner Sinners - Cardinal Sins (2010)

Odeur de goudron cramé, d’alcool et d’essence, de cocktails Molotov, de graisse, de cuir, de sang et de stupre. Rage contenue, tension palpable, hystérie couvante… pas une note encore et pourtant le décor est déjà impeccablement posé. Vous avez glissé le skeud dans la platine, personne ne vous y a forcé (si ce n’est peut etre de savoir ce qui peut bien se cacher derrière si alléchante pochette), personne ne vous y a forcé non, c’est sûr, alors ne venez pas jouer les vierges effarouchées après et faites comme tout le monde dès les premières secondes, prenez vos jambes à votre cou, et hurlez, fuyez, suppliez, paniquez… Tout ! Tentez tout ce que vous pourrez pour y échapper, mais rien n’y fera, une fois la touche Play enfoncée, vous ne pourrez plus échapper au souffle chaud et aviné de l’horror-punk graisseux des Sinner Sinners. Déjà le sax free-leux empli l’espace et l’ombre de Steve Mackay plane sur le carnage qui s’annonce.Encore quelques secondes et la galette va nous péter à la gueule comme une grenade dans un cri déchirant et inhumain.3…2….1….ZERO !


Car oui, c’est bien à une tuerie sonore à laquelle nous allons assister. Il y a peu, Sam et Steve Thill nous avait déja quelque peu mis en garde au détour de l’incendiaire 45T LA's Burning et sa B’side The’s no Place Like …(que l’on retrouve d’ailleurs avec plaisir sur l’album, ce qui évite d’avoir à ressortir la platine à chaque fois qu’on veut s’envoyer un shoot d’high energy). Pourraient ils garder toute cette tension et l’énergie qui va avec sur la longueur d’un album ? certes ils ne sont pas les seuls aux manettes, ils ont déniché toute une improbable bande de flibustiers/desperados pour leur préter main forte dans leur entreprise d’évangélisation démoniaque (jugez en plutôt par la liste des participants à l’album du « duo ») et si vous voulez une petite idée du niveau d’artisanat du dit objet on m’informe qu’il y a une petite erreur sur le livret : je cite : la track 13 c'est la 12 en fait - et la 3 et 4 sont inversées :


Mais les brulots en pleine face sont ils leur seule arme ? oh que non, en témoigne Sonic Room plus « pop » si l’on peut oser le terme, ou Dead Dead Dead presqu’enjoué et primesautier (avec son chœur féminin qui n’est pas sans rappeler l’excellent Harmonic Generator des Datsuns), enfin…pour peu que l’on fasse abstraction des paoles qui pour la peine sont plutôt un brin macabres. Pour ce qui est de réveiller les morts, le piano baltringue (bastringue) de Stetson devrait largement y arriver.

On attaque la seconde face comme on l’avait fait de la première, sans les cris d’horreur qui ne sont plus ici nécessaires, l’ambiance est toujours aussi inquiétante avec son orgue dopé et la voix désincarnée de Sam perdue dans le fond du mix, comme noyée sous 6 pistes de grattes graisseuses. Par certains aspects ce titre pourrait faire penser à ce qu’Iggy aurait pu faire de mieux en solo s’il n’était pas tombé, comme c’est souvent arrivé, sur de bien peu fréquentables margoulins soucieux, seulement, de pouvoir poser leur nom à coté du sien. La remarque que l‘on s’était déjà faite sur le 45T est plus que jamais d’actualité sur la longueur de l’album.

Si d’aventure vous doutiez encore des capacités et de l’intérêt de se jeter immédiatement sur cet album indispensable à toute ame damnée, une oreille rapide à Cadavra devrait finir de vous convaincre. Efficacité, énergie, mélodie et immédiateté, tout est résumé dans ce titre déjà culte pour qui s’interresse à ce qui vaut vraiment le coup d’être écouté dans l’hexagone. Vous en connaissez beaucoup des enchainements solo-accélération finale, comme sur There’s no Place Like… ? personnellement j’en ai rarement entendu du coté de la Starac ou sur le dernier Charlotte Gainsbourg !

Motorhead, Seeds, Sonics, Stooges, Cramps et qui sais je encore, oui les Sinners ont embarqué dans un train fantôme déjà joliment peuplé et sont loin d’y faire pâle figure, c’est l’auditeur, par contre, qui risque de virer au vert quand la folle cavalcade s’arrétera aux dernières notes d’un Mummy évocateur, dans un dernier vrombissement de moteur surchauffé en bout de course. Une dernière peleté de terre, 6 clous (piqués sur le cuir) et une croix (en fer évidemment)… la messe est dite. Oh Lord (of Altamont) have mercy….

Pour en savoir plus, et vous faire une idée plus précise sur 2 titres cadeaux: ... c'est ici.


mercredi, novembre 09, 2011

Gigposters 2 - Clay Hayes - 2011


Clay Hayes est le fondateur de gigposters.com. Pour tous les non initiés au monde de l'affiche sérigraphiée rock, ce site est LA référence mondiale dans le genre. Véritable musée et gallerie "online" regroupant plus de 10 000 artistes des 4 coins du monde, présentant plus de 100 000 créations, annonçant les concerts de groupes des plus gros aux plus humbles. Si vous avez déja révé de monter un groupe avec des Legos ou, si vous vous êtes toujours demandés ce que pourrait donner le croisement du logo de Motorhead et d'Hello Kitty, alors ce bouquin est très certainement pour vous, vous y trouverez toutes les réponses à toutes les questions que vous ne vous êtes probablement jamais posées.

Ceci étant dit, si vous êtes juste un amateur lambda de l'art du poster rock, avec aucun penchant bizarre genre la vie sexuelle d'Hello Kitty ou que sais je encore, alors oui, aucun doute, ce bouquin est aussi fait pour vous. é ans après le premier volume, passé joyeusement sous silence en France, Clay Hayes revient avec 101 nouveaux artistes, d'à peu près toute la planète.
Au format 36.5 x29 cm, chaque artiste bénéficie d'une représentation en pleine page d'un de ses posters au dos duquel on en trouve 4 ou 5 autres plus petits ainsi que quelques infos relatives au dessinateur. Chaque page peut être détachée aisément, offrant ainsi 101 posters prêts à être encadrés. Mais si, comme moi, vous vous voyez mal dchirer le bouquin, rien ne vous empêche d'en acquérir 2 exemplaires.
Si vous hésitez toujours à l'acheter, la liste ci dessous devrait finir de vous convaincre :

Adam Pobiak, Alan Hynes, Alana Bailey, Altieri Art, Ames Bros, Anville, AS Printing Press, Atzgerei, Baker Prints, Blackheart Studios, Ben Wilson, Broken Press, The Bubble Process, The Bungaloo, Chicken Billy, Clint Wilson, Clinton Reno, The Comet Substance, Concepcion Studios, Craig Horky, Craig Updegrove, David V. D'Andrea, Dead Meat, Dirty Donny Gillies, DKNG, Doe Eyed, Doublenaut, Douze Studio Dresden, Dr. Alderete, Droid, Empire Press, Erick Montes, Frida Clements, Ghost-Town Studio, Graham Pilling, Gunsho, The Half and Half, Hatch Show Print, Hyp Inc, Idiot or Genius ?, Insurgentarts, Iron Canvas Studios, Iskra Print Collective, Isle of Printing, Ivan Minsloff, James Flames, Jeral Tidwell, Jeremy Wilson, Jim Mazza, Joe Whyte, John Howard, Johnny Sampson, Justin Santora, Kill Hatsumomo Prints, Kunny van der Ploeg, Landland, Madpixel Art and Design, Mara Piccione, Mark McCormick, Mark Sgarbossa, Marq Spusta, Matt Terich, Maximum Flouride Killustration, Mike Saputo, Mike Weihs, Mile 44, Nat Damm, Nerl Says Design, Nick DuPey, Petting Zoo Prints & Collectables, Pfahlert Creative Labs, Punchgut, R. Black, Rich Kelly, Robbie Fuct, Ryan Duggan, Scott Campbell, Scraped Knee Studios, Scrawled Design, Shawn K. Knight, The Silent Giants, Small Horse Studio, Sonnenzimmer, Spike Press, Standard Deluxe Inc, Standard Design, Status Serigraph, Subject Matter Studio, Switchopen Illustrations, T-Bone & Aljax Production and Design, Tim Huesken, Tom Bagley, Traci Edwards, Two Arms Inc, Two Rabbits Studios, Tyler Stout, Uglybogus, Us &Them, Weapons of Mass Design, Weathermaker Press, Will Ruocco


mardi, novembre 01, 2011

Julien Demets - Rock et Politique, l'impossible cohabitation - 2011

Julien Demets - Rock et Politique, l'impossible cohabitation - 2011

Evidemment, la préface de Jean Paul Huchon, amateur éclairé de rock n roll s'il en est dans le milieu de la politique, peut paraitre quelque peu étrange de prime abord, lorsque l'on songe que le bonhomme n'est pas le dernier à porter son lot d'ombres et de polémiques.



Mais après tout, des politiques qui s'y connaissent en rock, il n'y en a pas tant que celà, et hommage soit ici rendu au regretté Patrick Roy qui défendit, héroiquement drapé dans sa veste rouge, la musique dit métal qui est pourtant bien moins souvent politisée qu'au hazard, le ska festif ou le hip hop revendicatif. Et puis rock et polémique vont si bien ensemble... d'ailleurs qu'en est il de rock et politique alors ? C'est à cette question que tente de répondre Julien Demets en 210 pages érudites s'il en est. Il suffit de jeter un coup d'oeil à la bibliographie pour se rendre compte que, non content de connaitre parfaitement son sujet, l'auteur n'a pas regarder à la tâche quand il s'en est fallu aller se documenter plus encore sur le sujet.

En 3 grandes parties chronologiques le bouquin passe au peigne fin la mésentente cordiale entre rock et politique qui accompagna la naissance de cette musique. Scandales elvisiens et dépravation de la jeunesse allaient alors de pair avec les florissantes 50s, l'american way of life, les burgers et le coca, puis les textes devinrent plus vindicatifs, accompagnant l'émancipation d'une contre culture à part entière, puisant certaines de ses racines dans le rejet de la guerre du Vietnam et les revendications raciales. D'un Woodstock encore bon enfant (toute proportion gardée) sans but réel ni revendication plus engagée que 5 jours de musique, d'amour et de paix. Néanmoins le ver était dans le fruit, alors que les punks allaient glisser vers un No Future aussi désabusé en terme de slogan fédérateur qu'inégalable pour ébranler un système scélorésé entre famille royale et tatcherisme. Alors donc, que le punk allait se démarquer du système par son attitude radicale et do it yourself, le Vietnam finit, les enfants du flower power allaient trouver 1000 causes pour faire fleurir un Charity Business multitache. La conclusion de tout celà n'est pas franchement brillante pour les rockers qui se laisseront alors charmer par des candidats qui auront bien compris à quel point se faire photographier avec telle ou telle idole pouvait leur rapporter, électoralement parlant.

Fourmillant d'exemples concrets, d'anecdotes et de remise en perspective, le bouquin de Julien Demets est, de plus, une oeuvre salutaire, tant la littérature sur le sujet était rare, voire inexistante, qui plus est avec une telle qualité d'écriture ! Tout est dit dans le titre, il s'agit ici de rock, point barre, on attends avec une impatience non dissimulée qu'un courageux se livre au même genre de rapprochement avec le reggae, le hip hop voire même la trance goa :)

En plus, une judicieuse liste de 200 protests songs classées par type de sujet (racisme, guerre, homosexualité, écologie, etc...) vient clore l'ouvrage histoire d'en accompagner la lecture. Kick Out the Jam Motherfuck**

Rock français (1977-83) : Chronique d'un rendez-vous manqué - Laurent Jaoui - 2010

Rock français (1977-83) - chronique d'un rendez-vous manqué - Laurent Jaoui (2010)

La France et le rock...vaste sujet que celui là... comment se fait-il que ce petit pays qui est le notre, féru de culture et qui, en son temps, il faut certes remonter aux lumières pour ce faire, rayonna sur le monde, ait offert un si piètre accueil à cette musique par ailleurs si populaire et répendue ?


Les Dogs
C’est a cette question que s’attache à répondre ce passionnant petit bouquin au travers de l’histoire croisée de 3 groupes brillants mais qui ne réussiront pourtant jamais à dépasser le statut d’outsiders prometteurs, jusqu’à ce qu'ils jettent, pour au moins 2 d’entre eux, l éponge minés par le manque de reconnaissance et de succès, et les affres qui s’ensuivent forcément en pareil cas. Bijou, Starshooter et les Dogs, ce sont par le biais de leurs tristes destins que Laurent Jaoui, par ailleurs brillant journaliste sportif, tente de comprendre ce rendez vous manqué entre l’une des musiques les plus importante du 20ieme siècle et la culture hexagonale. En moins de 6 ans, ils auront tout connu et tout tenté, chantant en français ou en anglais, tentant l’aventure hors des frontières de notre petit pays, évoluant d’un rock sans concession à un univers plus proche de la sacro sainte chanson française, c est avec le témoignage de tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans l’aventure que l’auteur cherche à expliquer ce mystère.

Starshooter
Manque de bol ? Amateurisme ? Dilettantisme ? Nombrilisme hexagonal ? Non, rien de tout cela, pendant ces 6 années chacun des 3 groupes a, à sa façon, tout fait pour se rapprocher au plus près du soleil du succès. Alors est-ce par défiance à l’égard de cette culture importée par le grand frère américain, est-ce la pesante ombre de l’intouchable chanson française sacralisée par les intellectuels, incontournables en France, est-ce le syndrome Poulidor qui peut expliquer ce loupé ? Un peu de tout cela sans doute. Sans jamais répondre catégoriquement, Jaoui donne des pistes, ouvre de portes, non sans rendre un hommage ému et sincère à ces fantassins passionnés et passionnants de la grande croisade en terre française de la musique binaire.

Bijou
Voila donc un bouquin enthousiasmant, hébergé par une collection qui n’en manque pas (de ce que vous pensez, gros dégoutants, mais surtout de bouquins intelligents) qui se lit comme la biographie croisée de 3 groupes malheureusement souvent sous-estimés, mais aussi comme une réflexion construite et argumentée brillamment sur l’histoire d’amour bancale et décevante entre un pays qui ne manque pourtant pas de public et d’artistes et un musique prompte à a appeler à la révolte, voire à la révolution....Où sont tes armes citoyens ? Où sont formés tes bataillons ? L’étendard (du rock français) sanglant (oh que oui) est-il encore levé ? Vu ce que l’on entend dans les campagnes (et pas que les présidentielles), on est en droit d’en douter.

P. Manoeuvre & T. Guitard – Etre Rock (2007)

P. Manoeuvre & T. Guitard – Etre Rock (2007)

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas tant le boulot de P.Manœuvre qui est remarquable dans ce petit bouquin (très occupe a essayer de redonner une crédibilité rock aux nouveaux radios crochets télévisés, il s'est contente de survoler quelques interviews qu'il a faites au cours de "l'âge d'or" et de traduire quelques refrains) mais plutôt les illustrations d'un Thierry Guitard qui, pour une fois, a délaissé les couleurs criardes dont il abuse dans la revue du rock critic précité pour s'en tenir a un magnifique noir-rouge et blanc. Du coup son trait n'en a que plus d'impact, en témoignent ses illustrations des Ronettes, des Libertines ou du poireautant Lemmy (de Motorhead).


Noirs rouges et blancs, les "textes" le sont aussi avec leur typo aléatoire. Entre dictons de roadies, de bikers, sentences définitives de rock critics locaux ou anglo-saxons, parole de tatoueuse et bien évidemment citations des Stones, des Beatles, d'Iggy, de NTM, des Doors, de Jimi, de Gainsbourg, Bowie ou Leo Ferre, se sont 113 modes d'emplois en 1 ligne du parfait rocker qui sont ici présentés. Le sourire en coin, on remarquera que le père Manœuvre n'a pu s'empêcher de coller ses chouchous déjà oublies les Naast sur la même page que Bob Dylan qui déclarait en 67 que "pour vivre hors la loi, il faut être honnête" alors que Gustave Naast, dont on se demande bien ce qu'il vient faire au milieu de toutes ces légendes prouve, a ceux qui en douterait, tout l'étendue de son talent en déclarant que "pour être honnête, il faut vivre hors la loi", 40 ans après son glorieux aine.

A cette curiosité près, c'est avec plaisir que l'on picore au hasard des pages ces quelques leçons de vie et, si le tout est vite lu, on y reviens souvent, ne serait ce que pour l'esthétisme du graphisme en 3 couleurs du très (trait ?) inspire Thierry Guitard.

P. Manoeuvre et M. Meier - Les enfers du Rock (2009)

P. Manoeuvre et M. Meier - Les enfers du Rock (2009)

Depuis la nuit des temps, ou plutôt depuis Robert Johnson et sa rencontre à la croisée des chemins (crossroads) jusqu'aux extrémités sanguinaires des groupes de black metal scandinaves, le Rock et le Malin ont toujours marché main dans la main. On connaissait le penchant inavoué de P. Manaeuvre pour l'occultisme (en témoigne le passage de Pacôme Thiellement dans les colonnes de Rn'F) mais, alors qu'il avait fourni un travail minimal lors de la rédaction d'Etre Rock (précédent opus de cette brillante collection), on découvre aujourd'hui le rock critic légendaire particulièrement inspiré quand on en vient à aborder le sujet du flirt appuyé de la musique avec les forces obscures.


Ainsi donc, en plein concert d'AC/DC au Stade de France, notre bon ami est soudain frappé d'une révélation, toute la musique qu'il aime elle ne vient donc pas de là, non elle ne vient pas du blues, mais plutôt des entrailles de la terre, de la fournaise qui y bouillonne et de son Master of Ceremony cornu. Partant de cette révélation, Manaeuvre remonte le fil de l'histoire jusqu'au blues primaire, aux condamnation d'Elvis par le Vatican, aux Cochran et autres JL Lewis, puis vient le tour des glorieuses 60s et leur lot de morts à 27 ans (Jim, Jimi, Janis à la liste desquels viendront s'ajouter Kurt et quelques autres), Beatles, Stones, Zeppelin et autres Sabbath ne sont évidemment pas en reste, le punk, le metal (grand consommateur d'imagerie fourchue) le tout pour finir par le Roi Lézard himself confirmant que...this is the end.

Chaque chapitre est l'occasion de revenir sur la carrière d'un groupe ou d'un mouvement avec forces anecdotes, plus ou moins infernales, mystères et événements inexpliqués. La plume du petit Philou est, bien évidemment, fidèle à sa légende rendant la lecture (le dévorage plutôt) particulièrement agréable.

Si, pour Etre Rock, c'était Thierry Guitard qui s'y était collé pour les illustrations dans un superbe noir&blanc rouge, c'est la talentueuse Marie Meïer qui s'y colle aujourd'hui, illustrant chaque page d'une aeuvre où, à son habitude, on retrouve mêlés gothisme, mysticisme et kustom kulture. Marchant dans les pas de ses glorieux anciens (Rick Griffins bien sûr mais beaucoup d'autres...), c'est le pourpre, cette fois, qui vient « égayer » son noir et blanc assuré pour le plus grand bonheur des yeux !

2 talents sûrs du petit monde du rock au service de la Bête... çà fait frémir !

JS. Cabot & P. Robert - Hard 'n' Heavy, 1966-1978, Sonic Attack (2009)

JS. Cabot & P. Robert - Hard 'n' Heavy, 1966-1978, Sonic Attack

Black Sabbath, Deep Purple, Led Zeppelin, çà vous dit quelque chose ? bon, Pink Fairies, Nazareth ? mouais ? de nom ? vous êtes déjà un connaisseur, et Granicus, Sir Lord Baltimore ou Yesterday’s Children ? là pour la peine pas du tout ? Alors une chose est sure, ce livre est pour vous.




Après une introduction qui familiarisera les moins connaisseurs avec le genre et qui régalera les aficionados qui se posent encore la question de la différence entre Hard Rock et Heavy Metal, intro qui aura aussi le bon gout de rappeler à quel point ce style de musique a pu être, et continue d’ailleurs à être, décrié alors qu’un public sans cesse plus nombreux vient peupler ses cathédrales et ses chapelles de plus en plus pointues, après une intro passionnante donc, c’est plus d’une centaine d’albums allant des origines à 1978, des plus connus aux plus obscurs, qui sont chroniqués par les auteurs avec le bon goût, à chaque fois, de renvoyer, en fin de chroniques, le lecteur à d’autres chefs d’œuvres oubliés qui pourraient aussi lui plaire dans le genre.

Érudits nos 2 hommes le sont sans aucun doute, Jean- Sylvain Cabot ayant été une plume remarquée chez Rock n’Folk dans les années 80 et spécialisé dans les musiques « énervées » alors qu’on ne présente plus l’immense Philippe Robert. C’est peu dire qu’ils connaissent leur sujet, même si on peut se demander, à la lecture de l’intro, pourquoi donc ils tiennent tant à mettre Sunn O))) en avant comme renouveau du genre, alors que, sans sous évaluer aucunement la musique du groupe, tant d’autres ont contribués et contribuent encore aujourd’hui à faire évoluer le genre vers de nouvelles frontières ?!

Un tome 2 allant jusqu’à aujourd’hui devrait voir le jour très prochainement et c’est avec une impatience et une gourmandise non feinte que l’on attend d’avoir les lumières de ces messieurs sur les cas Motley Crue, Saxon, Maiden, Metallica, Guns n Roses, Kyuss, Monster Magnet, Sepultura, System of a Down et plein d’autres que je n’oublies bien évidemment pas mais que je n’ai pas la place de citer ici.

Iggy Pop - I Need More (2001) / I need More....books like this one !

Iggy Pop – I Need More

L’autobiographie officielle de monsieur Iggy Pop, hallucinée, drole et déjantée. A l’image de l’iguane et de ses Stooges de compagnons





Comme une chanson des Stooges, I Need More est sale, violent, efficace, sans fioriture et pourtant passionnant, envoutant.... I need more, c est Iggy, tout ce qui y est raconté est effroyablement rock n'roll, borderline, mais toujours sur un ton amusé (amusant) un peu détaché, comme noyé dans les vapeurs du sexe, de la drogue et du rock n' roll ....

Au moins une fois par an, réservez vous quelques heures (pas trop quand meme), poussez la sono a fond (j'opterai pour FunHouse, mais Raw Power ou le 1er feront parfaitement l'affaire), assurez vous d avoir un bon stock d'alcool costaud, et votre substance prohibée préférée a portée de la main, une compagnie féminine agrémentera agréablement le tout et, pendant quelques heures, entrez dans le grand rock n'roll circus de l Iguane !!