mercredi, février 22, 2012

Florence Aubenas - Le quai de Ouistreham (2010) - Une voix pour les sans voix

Florence Aubenas - Le quai de Ouistreham (2010)

Florence Aubenas, ca vous dit quelque chose ? Oh oui certainement tant a une époque on entendit parler que d'elle alors qu'elle etait retenue en otage en Irak. Plutôt que de ressac er ces douloureux souvenirs et vomir des torrents d'aigreur sur des milliers de pages comme, au hasard, une Ingrid Betancourt, plutôt que de faire de son martyr un fond de commerce larmoyant, la journaliste a, au contraire, repris son bâton de pèlerin pour dénoncer les martyrs quotidiens de nombre de ses compatriotes, nombre qui, soit dit en passant, ne cesse de croitre chaque jour.


Avec cette nouvelle enquête, c'est un exemple parfait de journalisme d'immersion que Florence Aubenas nous donne et, loin de tout voyeurisme ou sensationnalisme a la petite semaine, c'est au contraire un cinglant témoignage, une tribune donnée a tous les sans voix laisses pour compte du modèle économique cher au pouvoir en place. Ainsi donc, en faisant partie de cette frange de la population qui peut encore se permettre le luxe de s'offrir des livres, nous découvrons un univers qui, en grande partie, en tous cas en ce qui me concerne, nous etait parfaitement inconnu. L'univers de ceux qui, pour pouvoir manger et nourrir leur famille, cumulent les boulots précaires pour des salaires de misères, incertains et durement gagnes. Ceux qui matin et soir enchainent les kilomètres pour quelques dizaines d'euros, en jonglant acrobatiquement avec une vie de famille forcement tronquée. Ceux dont l'horizon se limite au repas du lendemain, quand bien même ils bénéficient d'un emploi dit stable. De tous ceux la, et de bien d'autres encore, Florence Aubenas raconte le quotidien. Sans misérabilisme aucun, reflétant le courage et la dignité de ces victimes anonymes du marche triomphant.

En journaliste professionnelle, Florence Aubenas met, déontologiquement, un terme à son expérience le jour ou elle décroche le saint Graal: un CDI! Et lequel ! Quelques heures par semaine, voila la sublime récompense de ceux pour qui chaque jour est une lutte. Juste redistribution de la montagne de richesse créée chaque jour dans notre monde. Tout est donc si pourri au royaume de Sarkozy ? Non, car au milieu de cette misère, Florence Aubenas a aussi découvert la générosité, l'entraine et la débrouille, la solidarité en un mot, concept si étranger a l'idéologie jusqu'à maintenant dominante. Aucune valeur marchande à attendre de ces reflexes humains, c'est dire si tout cela se passe dans un monde parallèle de celui de nos gouvernants.

Par cette expérience poignante, l'auteure nous démontre qu'il existe encore un vrai journalisme pour peu que l'on sache encore s'intéresser à autre chose que la dernière maitresse d'Éric Besson.

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