vendredi, février 24, 2012

Pearl Jam - Ten (1991) - S'il ne devait n'en rester qu'un ...

Pearl Jam - Ten (1991)

« Ecris sur Ten » « écris sur Ten » « vas y, chronique Ten »… Ainsi me tannait un ami récemment. Mais p*** écrire sur Ten, t’es rigolo toi, s’attaquer à TEN, c’est toucher au saint des saints, c’est s’attaquer au Graal. Est-ce que je chronique moi Sergeant Peppers, Led Zep IV, Achtung Baby ou … que sais je encore ? Ecrire sur Ten, tout le monde l’a fait, pour le meilleur comme pour le pire, des docs aux chemises à carreaux, le jeans troué et la plume fiévreuse. Ecrire sur Ten c’est parler forcément du grunge, or qu’y a-t-il à en dire qui n’en ait pas encore été dit ? Que le grunge fut un non mouvement, une non mode, tant vestimentaire que musicale, car oui, quoi de commun entre un Tad (tout en gras et lourdeur) et, par exemple, le dernier album des Screaming Trees, tout en pop mélancolique et mystique. Quoi de commun entre punk nirvanesque et metal Alicien ? Que faire de L7 ? de Hole ? Hater et Truly sont ils des avatars du genre ? Quelle descendance ? Que sont nos héros devenus ? entre reformation unaniment saluée (Alice in Chains), diversification honteuse (Chris Cornell), inlassable creusement de sillon adult rock (Pearl Jam) ou cheminement solitaire au grè des rencontres toujours bien choisies (Mark Lanegan (ex-Screaming Trees, actuel ( ?) QOTSA, Mark Lanegan & Isobel Campbell, etc…) ? Rien, rien de commun entre tous les acteurs de cette scène qui ne dura que quelques années et que, par facilité, on cantonna au nord ouest des USA. Qu’en reste t il ? pas grand-chose, qui s’en revendique aujourd’hui ? personne, ni musicalement, ni philosophiquement, tant il est vrai que, pour une fois dans l’histoire de la musique, voilà bien un mouvement qui ne porta aucune valeur propre, aucun message, si ce n’est un certain nihilisme désabusé, blasé et un rejet des modèles MTVesques alors en vogue. Cà fait léger, surtout aujourd’hui, comme mode et motif de rébellion. Oh ne nous inquiétons pas, aussi surement que l’on vit pendant une saison refleurir les T-Shirts Motorhead ou Iron Maiden sur les corps galbés de nos mannequins de tous sexes qui n’en avaient probablement jamais entendu une note, même noyés entre 2km de house préfabriquée pour défilés mondains, ne nous inquiétons pas disais-je, tôt ou tard un brillant créateur nous ressortira la chemise de bucheron et le cheveux gras comme ultime avatar de la crise et là, là on reparlera du grunge, là la presse féminine ira de son couplet éclairé balançant dans le même panier (de la ménagère) l’icône Cobain et Guns n’Roses, Kate Moss et la beaugossitude de Cornell. Oui ce jour viendra, n’en doutons point, et ce jour là, déboussolés par cette armée de gamins arborant fièrement leurs T-Shirt à leur smiley nauséeux nirvanesques, la génération « grunge » s’en retournera à ses classiques...


Le grains est épais, renforcé par une coueleur crue, captant chaque goutte de sueur, chaque cheveux collé, de la bande d’excités que l’on devine avoir pris d’assaut la scène depuis longtemps à grand renfort de bonds plus ou moins acrobatiques, de pauses concentrés, d’énergie libératrice et soudées. Toutes les images semblent volées, furtives, puis soudain, au dessus de la foule compacte, exténuée mais ravie, qui semble en redemander encore, se balance un petit homme dangereusement accroché à ce qui doit être un tuyau d’aération, on peine à le croire, mais, à nouveau balayé par un spot aléatoire, le doute n’est plus permis, le mec en question se tient bien quelques 5 mètres au dessus de la foule, pendant que les 2 guitaristes se livrent à un numéro de duettiste comme on n’en avait plus entendu depuis…pfff… en avait on seulement déjà entendu un pareil à l’époque ( Lynyrd Skynyrd ? connait pas … ;) ). 1992, premier album, premier clip et déjà tout est là, énergie et sensibilité, virtuosité et humilité. Pearl Jam, né des cendres de Green River et de Mother Love Bone.



Viscéral, urgente et péchue la musique du groupe ne retrouvera que rarement les sommets atteints par chacun des titres que j’éviterai soigneusement de passer en revue, tant tous sont de véritables perles dont on fait les colliers. Certes il y a Even Flow, Alive et Jeremy, les singles porteurs, mais comment passer sous silence le punkisant Porch et son solo en apesanteur, le final de Black au piano et la chair de poule qui pointe sous les short presque rentré dans les docs, la voix de Vedder, unique, émouvante, puissante et desespérée.

Dès l’intro on sent que l’on a ici à faire à un album hors norme, empli d’une douleur et d’une rage lancinante tout au long de morceaux épiques passant par toutes les montagnes russes possible des émotions et illustrant, comme très rarement en musique, ce qu’il convient d’appeler la rage de vivre… malgré tout.

Pearl Jam pondra par la suite d’autres chefs d’œuvres, comme le magique MirrorBall avec leur héros canadien, le vétéran Neil Young, comme Vs ou encore Vitalogy, tous, ou presque, valent la peine que l’on y jette une oreille, quand bien même on puisse trouver que la formule « classic rock » dont ils ont abusés ces derniers temps commence à tourner en rond, oui tous valent l’écoute mais aucun, plus jamais, ne fera monter les larmes aux yeux, les slammers les uns sur les autres et les poils sous la chemise à carreaux comme Ten l’a fait il y a bientôt 20 ans.

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