dimanche, février 26, 2012

Sinner Sinners - Cardinal Sins (2010)- Brulot infernal

Sinner Sinners - Cardinal Sins (2010)

Odeur de goudron cramé, d’alcool et d’essence, de cocktails Molotov, de graisse, de cuir, de sang et de stupre. Rage contenue, tension palpable, hystérie couvante… pas une note encore et pourtant le décor est déjà impeccablement posé. Vous avez glissé le skeud dans la platine, personne ne vous y a forcé (si ce n’est peut etre de savoir ce qui peut bien se cacher derrière si alléchante pochette), personne ne vous y a forcé non, c’est sûr, alors ne venez pas jouer les vierges effarouchées après et faites comme tout le monde dès les premières secondes, prenez vos jambes à votre cou, et hurlez, fuyez, suppliez, paniquez… Tout ! Tentez tout ce que vous pourrez pour y échapper, mais rien n’y fera, une fois la touche Play enfoncée, vous ne pourrez plus échapper au souffle chaud et aviné de l’horror-punk graisseux des Sinner Sinners. Déjà le sax free-leux empli l’espace et l’ombre de Steve Mackay plane sur le carnage qui s’annonce.Encore quelques secondes et la galette va nous péter à la gueule comme une grenade dans un cri déchirant et inhumain.3…2….1….ZERO !


Car oui, c’est bien à une tuerie sonore à laquelle nous allons assister. Il y a peu, Sam et Steve Thill nous avait déja quelque peu mis en garde au détour de l’incendiaire 45T LA's Burning et sa B’side The’s no Place Like …(que l’on retrouve d’ailleurs avec plaisir sur l’album, ce qui évite d’avoir à ressortir la platine à chaque fois qu’on veut s’envoyer un shoot d’high energy). Pourraient ils garder toute cette tension et l’énergie qui va avec sur la longueur d’un album ? certes ils ne sont pas les seuls aux manettes, ils ont déniché toute une improbable bande de flibustiers/desperados pour leur préter main forte dans leur entreprise d’évangélisation démoniaque (jugez en plutôt par la liste des participants à l’album du « duo ») et si vous voulez une petite idée du niveau d’artisanat du dit objet on m’informe qu’il y a une petite erreur sur le livret : je cite : la track 13 c'est la 12 en fait - et la 3 et 4 sont inversées :


Mais les brulots en pleine face sont ils leur seule arme ? oh que non, en témoigne Sonic Room plus « pop » si l’on peut oser le terme, ou Dead Dead Dead presqu’enjoué et primesautier (avec son chœur féminin qui n’est pas sans rappeler l’excellent Harmonic Generator des Datsuns), enfin…pour peu que l’on fasse abstraction des paoles qui pour la peine sont plutôt un brin macabres. Pour ce qui est de réveiller les morts, le piano baltringue (bastringue) de Stetson devrait largement y arriver.

On attaque la seconde face comme on l’avait fait de la première, sans les cris d’horreur qui ne sont plus ici nécessaires, l’ambiance est toujours aussi inquiétante avec son orgue dopé et la voix désincarnée de Sam perdue dans le fond du mix, comme noyée sous 6 pistes de grattes graisseuses. Par certains aspects ce titre pourrait faire penser à ce qu’Iggy aurait pu faire de mieux en solo s’il n’était pas tombé, comme c’est souvent arrivé, sur de bien peu fréquentables margoulins soucieux, seulement, de pouvoir poser leur nom à coté du sien. La remarque que l‘on s’était déjà faite sur le 45T est plus que jamais d’actualité sur la longueur de l’album.

Si d’aventure vous doutiez encore des capacités et de l’intérêt de se jeter immédiatement sur cet album indispensable à toute ame damnée, une oreille rapide à Cadavra devrait finir de vous convaincre. Efficacité, énergie, mélodie et immédiateté, tout est résumé dans ce titre déjà culte pour qui s’interresse à ce qui vaut vraiment le coup d’être écouté dans l’hexagone. Vous en connaissez beaucoup des enchainements solo-accélération finale, comme sur There’s no Place Like… ? personnellement j’en ai rarement entendu du coté de la Starac ou sur le dernier Charlotte Gainsbourg !

Motorhead, Seeds, Sonics, Stooges, Cramps et qui sais je encore, oui les Sinners ont embarqué dans un train fantôme déjà joliment peuplé et sont loin d’y faire pâle figure, c’est l’auditeur, par contre, qui risque de virer au vert quand la folle cavalcade s’arrétera aux dernières notes d’un Mummy évocateur, dans un dernier vrombissement de moteur surchauffé en bout de course. Une dernière peleté de terre, 6 clous (piqués sur le cuir) et une croix (en fer évidemment)… la messe est dite. Oh Lord (of Altamont) have mercy….

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